La Blessure des Mots, un recueil de poèmes de Thierry Cabot
La Blessure des Mots aborde les thèmes éternels qui forment la trame d’une vie. Sous des couleurs à la fois sensibles et réalistes, l’homme est non seulement décrit face à ses peurs, ses doutes et ses démons mais également face à ses espoirs, ses bonheurs et sa volonté de dépassement.
À la fragilité de l’existence humaine, répondent sans cesse les élans de l’amour, de l’espérance et de la foi.
Dans cet ouvrage où il s’est efforcé de concilier les pouvoirs de l’image et la densité de l’émotion, la science du rythme et les ondoiements de la musique, Thierry Cabot explore avec lyrisme les plis secrets de l’âme humaine entre les abîmes du désespoir et les sommets de l’ivresse.
Attaché aux règles de la versification, il a voulu donner un nouvel élan aux formes fixes et rendre à la rime la place qui est la sienne.
Le recueil contient aujourd’hui 227 poèmes. L’auteur a voulu donner un nouvel élan aux formes fixes et rendre à la rime la place qui est la sienne.
Première diffusion : 2 juin 2011, mise à jou le 15 octobre 2021 ; Poids : moyen ; Collection : Poésie
Prix sur 7switch : 3,49 € - 4,99 $ca
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ISBN : 978-2-924550-64-9
La Blessure des Mots existe aussi en PAPIER aux Éditions Accents Poétiques.
Un extrait : Une poétique rêvée
L’écriture poétique de Thierry Cabot s’articule autour de quatre axes majeurs : l’image, l’émotion, le rythme et la musique.
L’auteur se tient aussi éloigné de "la dictée de l’inconscient" chère à André Breton que de la "pure conscience valéryenne".
Sous une forme condensée, le texte intitulé "Une poétique rêvée" offre une illustration de ses orientations esthétiques :
Aérienne densité,
Bondissement ravi des astres,
Chocs où fulgurent les désastres
En sourdes nappes de clarté.
Magie et soif, patrie ultime,
Qu’un même trouble aile et confond ;
Sous la musique, tout le fond
Vertigineux de chaque cime ;
Oui, l’écho foudroyé d’où sort
L’appel total qui nous ressemble ;
L’image et l’émoi tout ensemble
Pétrifiés dans leur essor !
Un commentaire par l’auteur : Une très ancienne histoire
C’est à l’âge de quatorze ans que j’ai écrit mon premier poème ; par pur défi ! Le besoin d’accomplissement s’est manifesté plus tard. Jusqu’à ma vingtième année, j’ai fait ce que l’on appelle des gammes. Me nourrissant presque à satiété des œuvres de maints poètes aux horizons divers et aux styles variés, multipliant les lectures des traités de versification, composant des milliers de vers, je me suis en quelque sorte battu contre les mots pour tenter de les apprivoiser.
À vingt ans, après avoir affiné ma sensibilité et mes moyens d’expression, je me suis lancé avec enthousiasme dans l’écriture d’un livre de poèmes. Un livre, et non pas un mince recueil. Pourquoi ? En fait, je n’aime pas les plaquettes de poésie dans lesquelles voisinent le plus souvent deux à trois dizaines de textes réunis par hasard. Je voulais me consacrer à l’élaboration d’un ouvrage de longue haleine où, selon un plan à la fois préétabli et susceptible lui-même de modifications et de développements, des poèmes mis en tension les uns par rapport aux autres pussent incarner une vision, un souffle, des questionnements, une approche sensible du monde. Bizarrement, son titre s’est imposé immédiatement à moi. Ce serait : La Blessure des Mots.
Par tâtonnements successifs, au prix de beaucoup d’efforts, un ton et peut-être un style ont vu le jour.
Les poètes qui m’ont durablement marqué sont au nombre de quatorze ; il s’agit respectivement de François Villon, Pierre de Ronsard, Alfred de Vigny, Victor Hugo, Gérard de Nerval, Charles Baudelaire, Stéphane Mallarmé, Paul Verlaine, Arthur Rimbaud, Emile Nelligan, Guillaume Apollinaire, Paul Valéry, Henri Michaux, René Char. Ces derniers m’ont inspiré un texte en forme d’hommage intitulé : "Mon Panthéon poétique".
À leur suite, en croisant des thèmes chers à mon cœur (le temps, l’amour, la mort, la grâce d’exister, la révolte, la lassitude, l’enfance, la vieillesse, la maladie, l’évasion, la peur, la foi, le doute…), j’ai mis tous mes soins à mobiliser les ressources musicales de la langue.
« La poésie est une longue hésitation entre le son et le sens » indique l’auteur du Cimetière Marin. C’est dans cet esprit-là que j’ai élaboré La Blessure des Mots. À travers les brèches où fleurissent l’image et l’émotion, là où se dissimule la chair du langage poétique, je me suis efforcé de cultiver un jardin personnel fait de hantises et de troubles. Fidèle aux règles de la versification, ce fut pour moi un immense plaisir de labourer à nouveau le sol fertile des formes fixes, notamment le sonnet. En effet, quand on veut bien en sublimer la substance, le vers régulier offre d’inépuisables joies au créateur.
Mais « l’art est long et le temps est court. »
Berger : Poétiser demande beaucoup d’essais, de travaux, d’application, d’affinage avant de trouver… je ne dirais pas des automatismes, mais des sillons menant à des endroits fructueux, peut-être ?
Cabot : L’écriture poétique comprend à mes yeux deux dimensions essentielles : l’inspiration et la “transpiration” à travers laquelle justement s’exprime le métier de l’écrivain. Parfois un seul vers donne le branle à mon imagination, qu’il s’agisse du premier ou du dernier vers d’un poème. Ensuite une trame s’ébauche et il faut, au milieu d’un magma en fusion, embrasser chaque détail au niveau rythmique, émotionnel et allégorique. Chaque mot doit être pesé, évalué en fonction de sa charge poétique et relié aux autres dans un mouvement de soie. Quand l’intensité est là, je peux écrire un sonnet en un jour à peine, sans aucune retouche. Le plus souvent, le travail se poursuit au cours des jours suivants, entrecoupé de moments de découragement et d’instants d’exaltation. Écrire demande beaucoup d’humilité.
Berger : J’aimerais bien savoir, non pas comment vient un sujet, mais comment vous savez qu’il faudra en faire un texte. Vous me dites qu’un vers arrive. Comment le rattachez-vous à une thématique ? C’est une question difficile, car elle demande de décrire des processus qui semblent aller de soi, je crois bien, même si c’est complètement trompeur.
Cabot : Stéphane Mallarmé disait : « On n’écrit pas un poème avec des idées mais avec des mots. » Je partage entièrement ce point de vue. En fait la thémathique est portée par les seconds qui, dans leur tension, dessinent de manière originale et singulière le visage des premières. Ainsi quand l’inspiration me saisit, je ne pense pas : « Tiens, j’ai une idée » mais plutôt « Chouette ! j’ai des mots. » Il peut s’agir d’un hémistiche, d’un vers, d’un quatrain. Quelquefois, à mon grand désespoir, l’élan retombe et se transforme en pétard mouillé. Le plus souvent, une véritable impulsion se fait jour et je prends bientôt le large.
La mer est rarement calme ; les tempêtes sont nombreuses ; il arrive même que les vents me soient contraires. En écrivant, j’ai toujours dans l’esprit une forme de spectre à la fois lumineux et sonore où chaque mot caressé, embrassé, doit trouver sa juste place. Rien n’est jamais simple. Il faut atteindre le point d’équilibre à partir duquel, savamment assemblés, ceux-ci grâce à un phénomène d’aimantation donnent leur plus forte charge poétique.
Si, l’œuvre achevée, le thème s’impose de lui-même, il n’est au fond que l’aboutissement d’un long tâtonnement sémantique entrecoupé d’ombres et de lumières.